Claviers

Cette pièce est une transcription pour alto et piano, récemment effectuée par la fille du compositeur, Marybel. Elle fait partie des multiples déclinaisons du monumental opéra-ballet typiquement algérien Aroudj Barberousse que Gontran Dessagnes mit deux ans à écrire en 1956-57 [...]. Le compositeur en a tiré plusieurs œuvres, dont une suite orchestrale, la Rapsodie méditerranéenne. L'Incantation à Eïgloum en est le premier mouvement, commençant justement par un solo d'alto. Sous la direction du compositeur, la suite symphonique fut créée à Radio Alger en 1960. Pour Incantation à Eïgloum, la note de programme d'époque nous indique ceci : « Aroudj Barberousse se trouve dans son harem à Djidjelli, il a été deux fois vaincu par les Espagnols devant Bougie ; au cours de la deuxième bataille, une balle de fauconneau lui a emporté le bras gauche, et son frère Zaca a été tué. L'introduction exprime sa tristesse et son découragement. La Guezana, sorcière d'Alger, est présente avec son chaudron et ses poudres magiques. Dans une incantation où elle évoque Eïgloum, le génie de l'ouragan, elle prédit à Barberousse son tragique destin ». Marybel DESSAGNES

Il a été composé le 5 février 1949 par Gontran Dessagnes, et créé en 1958 à Alger sous la direction de l'auteur. [...] Œuvre d'expression néoclassique d'une grande pureté de style et d'écriture et d'un sentiment qui exprime la complexité moderne par les moyens d'une sobriété déridée. Le contrepoint qui en est fort intéressant souligne le caprice de la ligne mélodique confiée à l'alto, ligne qui représente ici l'éloquence poétique avec des reprises de souffle judicieusement ménagées. La voix grave de l'Alto traduit une indicible tristesse, et s'anime pour retrouver l'apaisement dans la sérénité. Une œuvre émouvante et grande. Marybel DESSAGNES